Sindbad PUZZLE

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mardi 14 septembre 2010

Arundhati Virmani : "India 1900 - 1947. Un Britannique au coeur du Raj"



4e de couverture :

En 1904, le jeune Malcolm Darling quitte Eton, Cambridge, Londres pour le prestigieux Indian Civil Service, la haute administration coloniale en Inde. C'est investi d'une mission civilisatrice qu'il débarque au coeur du Raj - l'empire indien. Au contact d'un Orient qu'il apprend à déchiffrer, à pénétrer, Darling découvre l'immensité du sous-continent, le frémissement et les révoltes sourdes d'un peuple en éveil, méprisé par les Britanniques et déchiré par le conflit entre hindous et musulmans. Paysans de Lahore, au coeur du Pendjab, maharadjahs de Delhi, aristocrates britanniques, ou figures insoumises comme Gandhi ou Nehru, Darling côtoie les acteurs d'un empire qui porte en lui les prémisses d'un éclatement. Pendant près de quarante ans, il s'interroge, dans ses lettres, son journal intime, sur le bien-fondé du modèle colonial, explore d'autres voies et nous plonge au coeur d'une histoire qui débouche en 1947 sur la déclaration d'indépendance de l'Inde et la création de l'État islamique du Pakistan.

A propos de l'auteur :

Arundhati Virmani, Indienne, historienne, nous livre ici à travers la correspondance de Malcolm L. Darling, un récit vivant, passionnant de l'histoire de l'Inde, dont les choix politiques ont eu des répercussions - aujourd'hui plus que jamais visibles - sur l'Asie centrale, le Moyen-Orient et le monde entier.

 Avis personnel :

Frais émoulu de Cambridge, Malcolm Darling choisit d'intégrer la haute administration coloniale en tant qu'administrateur. Tour à tour magistrat, puis responsable d'un district dans le Pendjab, précepteur d'un Maharadjah, Malcolm découvre au fur et à mesure de sa carrière la complexité de la société indienne et la richesse de sa civilisation. Il fait également l'expérience du fossé qui sépare les cultures anglaise et indienne et déplore que ses concitoyens ne fassent pas les efforts requis pour essayer de mieux comprendre ce pays dont ils ont pris entre leurs mains les destinées. En lisant ce livre, on ne peut qu'être admiratif devant Malcolm et touché par les efforts incessants qu'il déploie afin d'aller vers l'autre, de chercher à mieux le connaître et s'efforcer dans la mesure de ses moyens d'améliorer son sort. C'est ainsi que nous voyons Malcolm rechercher la compagnie des indiens plutôt que de ses compatriotes, d'aller sur le terrain plutôt de vivre reclus dans la vie confortable et les mondanités de la communauté anglaise de Simla. Son poste de responsable d’un district rural du Pendjab sera le point de départ pour Malcolm d’une véritable passion pour l’agriculture et le monde paysan. Malcolm deviendra le spécialiste de la paysannerie indienne. Il rédigera plusieurs ouvrages sur le sujet et sera sollicité régulièrement par les gouvernements pour des conseils en politique agricole. Toute sa vie, Malcolm essaiera de sensibiliser les politiciens sur les difficultés du monde rural et le sort des paysans. Bien avant l’heure de la Grameen Bank et du système des micro-crédits, Malcolm affirmera que le développement du monde rural ne peut se faire avec des programmes de portées nationales. Ce sont les paysans eux-mêmes qui, à l’échelle locale, doivent identifier leurs problèmes, élaborer des solutions adaptées à leurs besoins et les mettre en œuvre en s’organisant entre eux. En tant que précepteur du jeune Maharadjah de Dewas, Malcolm s’éveillera à la spiritualité hindoue tout en déplorant l’emprise excessive de la masse des traditions qui freinent l’évolution de la société. Malcolm admirera également le raffinement des mœurs et le savoir-vivre des aristocrates indiens à côté desquels nombre de ses compatriotes apparaissent comme de véritables rustres mal dégrossis.
Au fil des années, Malcolm constatera la montée irrépressible du mouvement nationaliste indien dont le succès sera alimenté en grande partie par la série de gaffes monumentales que commet le gouvernement anglais dans sa politique coloniale. Le fossé entre musulmans et hindous ne cessera de se creuser, notamment avec la lutte de la Ligue musulmane pour obtenir la Partition de l’Inde et les massacres qui ensanglanteront le pays durant les années précédant la création du Pakistan.
En 1947, c’est une Inde bien différente de celle du début du siècle que Malcolm a sous les yeux. D’obséquieux et serviles envers les Anglais un demi-siècle plus tôt, Malcolm trouve à présent les Indiens arrogants et méprisants, et cela même envers leurs propres subordonnés indiens qu’ils traitent parfois d’une manière pire que celle que Malcolm ne s’était jamais permis d’agir envers eux.
Jusqu’à la fin de sa vie en 1969, Malcolm passera son temps à écrire sur le monde paysan, à classer sa correspondance et à rédiger son autobiographie.
Malcolm Darling a porté sur l’Inde un regard plein de curiosité, de sympathie et de sensibilité. C’est un regard pareil qu’Arundhati Virmani, dans un style simple et clair, a porté à son tour sur Malcolm dans son livre. Aussi, sa lecture se révèle passionnante. J’aurais juste aimé que l’auteur nous en dise un peu plus sur le destin du Maharadjah de Dewas après que Malcolm l’eut quitté car on s’attache à ce jeune souverain fin et mâture. J’espère qu’Arundhati Virmani aura l’occasion de nous proposer d’autres ouvrages du même acabit. En tout cas, j’attends impatiemment sa prochaine publication.

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