Sindbad PUZZLE

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mercredi 8 septembre 2010

William Dalrymple : "Le moghol blanc"

William Dalrymple, Le Moghol Blanc, aux éditions Noir sur Blanc

4e de couverture :

James Achilles Kirkpatrick débarque sur la côte orientale de l'Inde en 1779, habité par une dévorante ambition d'officier dans l'armée de Madras de la Compagnie anglaise des Indes orientales ; il est fort désireux de se faire un grand nom dans la conquête et l'assujettissement du sous-continent indien. Mais, ironie de l'Histoire, le destin en décide autrement, et c'est lui qui est conquis, non par une armée, mais par une princesse indienne et musulmane. En effet, Kirkpatrick vient d'être nommé, à l'âge de 34 ans, pendant l'insupportable été caniculaire de 1797, Lord Résident britannique de la Compagnie anglaise des Indes orientales à la cour du nizam d'Hyderabad, où il aperçoit Khair un-Nissa, "La Plus Admirable d'Entre Toutes", une sublime beauté âgée de seulement 14 ans, petite-nièce du premier ministre du nizam et descendante du Prophète. Tombé fou amoureux de Khair, au point d'en oublier toute ambition, il relève de nombreux défis afin de l'épouser. Khair, déjà fiancée à un noble d'Hyderabad, vit enfermée derrière le purdah, ce lourd rideau qui soustrait les femmes résidant dans le zenana, le harem, au regard des hommes. Kirkpatrick se convertit à l'islam et épouse enfin la bégum Khair un-Nissa en 1800. Selon certaines sources indiennes, il devint même agent double au service d'Hyderabad contre les intérêts de la couronne. Il n'existe personne d'autre que William Dalrymple pour transformer l'histoire vraie d'un grand amour entre un diplomate anglais et une princesse indienne en une envoûtante et brûlante saga mêlant passion, séduction et trahison sur fond d'intrigues de harem et d'espionnage. Le Moghol Blanc déroule, en une grandiose fresque épicée, l'histoire colorée et souvent turbulente de l'Inde au XVIIIe siècle.

Avis personnel :

Avec Le Moghol Blanc, nous sommes transportés dans l’Inde moghole de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle. Les britanniques commencent à étendre doucement mais sûrement leur domination sur le pays. L’hégémonie moghole réalisée par Aurengzeb quelques décennies plus tôt est entamée par l’émergence de sultanats locaux qui se constituent des fiefs aussi immenses que la France. Ces sultanats sont à l’apogée de leurs puissances militaire et financière. Leurs cours brillent par l’élégance et l’extrême raffinement de leur vie culturelle, artistique et intellectuelle. La langue ourdoue, en plein essor, devient le moyen d’expression privilégiée des poètes qui composent des ghazals et se livrent à des joutes poétiques lors des soirées de mushaïras organisées dans les havélis (villas luxueuses) et les palais. On s’arrache à prix d’or les poètes et les courtisanes rivalisent entre elles de trésors d’ingéniosité pour distraire et émerveiller par leurs talents artistiques ou leurs charmes l'assistance des notables.
Parmi les européens qui s’aventurent et s’établissent dans ces sultanats, nombreux sont ceux qui, tombés sous le charme de cette vie de cour fastueuse et raffinée, adoptent le mode de vie des moghols. On les appelle les moghols blancs. Ils s’habillent selon la mode vestimentaire moghole, épousent des bibis indiennes, se constituent des harems et parfois se convertissent même à l’islam.
Le livre nous dépeint une époque où l’Islam fascinait les occidentaux, il était copié et envié, admiré et respecté. Avec l’emprise croissante de la puissance britannique sur l’Inde et le rapport des forces s’inversant au fil du temps, les Anglais adoptèreront une attitude de plus en plus distante, méprisante et arrogante envers leurs sujets indiens. Cette attitude conduira à la révolte des Cipayes en 1857, la plus grande mutinerie que l’Angleterre ait jamais eue à faire face. Cette guerre sera la première d'une longue série dans la lutte pour l'indépendance. Pour avoir un récit détaillé de cette révolte des Cipayes, il faut lire cet autre admirable livre de William Dalrymple, Le dernier moghol, qui retrace les événements de la mutinerie à Delhi et la terrible répression qui s’en suivit et qui mit fin à la prestigieuse dynastie moghole avec la destitution du dernier de ses souverains, l'affable Bahadur Shah Zafar.
Tout au long des quelques 550 pages du Moghol Blanc, William Dalrymple parvient à nous tenir en haleine en distillant avec brio les multiples rebondissements de cette belle histoire d'amour entre le major de l'armée britannique James Kirkpatrick et la belle Khair-un-Nissa, fille d'un notable musulman. Le livre est un monument d’érudition, pourtant à aucun moment il ne tombe dans l’académisme grâce au talent de vulgarisateur de l’auteur. Le Moghol Blanc comblera tous les dilettantes car l’auteur fait de nombreuses digressions par rapport à l'histoire pour évoquer longuement le passé de tel ou tel personnage secondaire, ou l’évolution urbaine d’une ville ou encore les us et coutumes des moghols. Pour reconstituer l’histoire des deux amants, William Dalrymple s’est essentiellement appuyé sur une abondante relation épistolaire laissée par les différents acteurs de l'histoire. .
Le Moghol Blanc enchantera tous les amoureux de l'Inde et de la période moghole. Ils découvriront une époque où l'Islam était synonyme de culture, de raffinement, d'art de vivre, de poésie, d'élégance et de beauté.

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