Sindbad PUZZLE

Retrouvez des chefs-d'oeuvre de la miniature persane et indienne en PUZZLES sur le site : http://www.sindbad-puzzle.com/

samedi 30 octobre 2010

Abraham Eraly : "Gem in the lotus"




4e de couverture :

India is a land of long cultural continuities, and it's age-old and venerable traditions are in many ways still alive in India today. Abraham Eraly here explores the fascinating story of the origins of this civilisation, and the lifestyles of its ancient people.

The story begins with the Indus Civilisation, which endured for a thousand years between 2500 and 1500 BC. It was eventually superseded by Aryan migrants, who composed, on the banks of the rivers of Punjab, the Vedas, the oldest religious literature in an Indo-European language. The Vedic tradition gradually transformed into classical Hinduism, and an all-embracing and holistic worldview emerged.

The central focus of the book is on the life and teachings of Buddha, whose compassionate wisdom would, over a millennium, transform the very psyche of Asia.

The closing chapters of the book deal with the fall of the Mauryan Empire, the largest and most rigorously organised empire in Indian history, and portray the life of its great philosopher-king, Asoka, whose emblem, the Buddhist wheel of virtue, today adorns the national flag of India.

Avis personnel :

Le livre relate la période de l'histoire indienne allant de l'arrivée et de l'implantation des premiers habitants en Inde jusqu'à la fin de la dynastie Maurya en 187 avant J.C. Dans son ouvrage, l'auteur s'attarde particulièrement sur la vie et l'enseignement du Bouddha ainsi que sur le souverain maurya Asoka.
Je dois avouer que, d'une manière générale, j'ai trouvé le livre particulièrement pénible à lire et que, fait très rare, j'ai sauté plusieurs chapitres, notamment ceux relatifs à l'organisation administrative de la société indienne durant les ère védique et maurya. Les parties les plus intéressantes sont celles qui traitent de la civilisation de l'Indus, de la vie du Bouddha, de la campagne militaire d'Alexandre le Grand et du règne d'Asoka.
L'écriture manque de fluidité. L'auteur ne parvient pas à nous intéresser véritablement. Il accumule quantité de données, de détails et de conjectures qui finissent par nous lasser tant ils alourdissent le texte. et freinent la progression de la lecture. Bref, un livre que je ne recommande pas particulièrement.

Une réflexion des sages de l'Inde à Alexandre le Grand

Le souverain de Paurava (région du Pendjab actuel), Pôrus, vient faire sa reddition à Alexandre après sa défaite à la bataille de l'Hydaspe, sur les rives de la rivière Jhelum. La victoire d'Alexandre à Jhelum le rendit maître d'une partie de l'Inde.


"Je [Arrien] ne puis m'empêcher de louer ici une réflexion des sages de l'Inde. Ils se promenaient dans une prairie, théâtre de leurs conversations philosophiques, lorsque voyant passer Alexandre à la tête de son armée, ils se bornèrent à frapper la terre du pied. Le conquérant leur en fait demander la cause par un interprète. « Alexandre, ce peu de terre que nous foulons, voilà tout ce que l'homme en peut occuper. Tu ne diffères du vulgaire des humains que par la curiosité et l'ambition qui t'entraînent si loin de ta patrie pour le malheur des autres et de toi-même. Lorsque tu mourras, et ce moment n'est pas loin, tu n'occuperas que l'espace nécessaire à ta sépulture."

Arrien, Expéditions d'Alexandre, Biblothèque Militaire, 1835, Livre VIIe, chapitre I.

mercredi 13 octobre 2010

La cérémonie de la pesée (ceremony of weighing) chez les Moghols

Miniature tirée des Mémoires de Jahanghir, 1615-1625. Jahanghir pèse son fils Khurram, le futur Shah Jahan, contre de l'or et de l'argent pour son seizième anniversaire. Les métaux précieux sont sont ensuite distribués en charité aux pauvres. Source : Victoria and Albert Museum, Londres

A l'époque moghole existait une cérémonie curieuse qui consistait lors de certaines occasions (anniversaires, jours de fêtes...) à offrir en charité aux pauvres l'équivalent du poids du souverain ou du prince héritier en or, en argent, en monnaie ou en diverses denrées alimentaires. L'ambassadeur de la Compagnie Anglaise des Indes Orientales, Thomas Roe, nous a laissé dans sa relation de voyages dans l'empire moghole, un témoignage de cette cérémonie.

"At Mandu, Roe [l'Ambassadeur de la East Indian Company] saw the emperor being weighed on his birthday against a variety of precious metals and stones, a ceremony which he had missed the previous year at Ajmer, greatly to Jahangir's anger, because a messenger misled him about the time of it. The emperor sat on one side of a pair of golden scales while bags of gold were placed to balance him on the other, followed by the same weight in silver, jewels, precious cloth and foodstuffs. Roe was unimpressed because the precious metals were not visible ("it being in bagges might bee pibles"), and he argues that since the sacks were carried inside again afterwards it was not likely that the goods would be distributed in charity, as they were intented to be ; but it seems improbable that the Great Moghul would have connived at such an easily discovered fraud suggesting poverty. The ceremony of the weighing derived from a Hindu custom known as tuladana and is usually said to have been introduced into the Moghul calendar by Akbar, but certainly Humayun was weighed against gold as early as 1533. From Akbar onwards there were two weighings each year, one for solar birthday in public and one for the lunar birthday, usually in the privacy of the harem ; the monarch's solar and lunar birthdays coincided only on the day of his birth, after which they separated by a further eleven days each year. Being fat cost the emperor money but could on occasion benefit a private citizen, as when Jahangir weighed Ustad Mohammed Nayi against rupees to reward him for his flute-playing, or gave the astrologer Jotik Ray his own weight for a correct prediction. The comfortable astrologer turned out to weight two hundred rupees more than the musician."

Bamber Gascoigne, The Great Moghuls, Jonathan Cape Ltd, p. 156

lundi 11 octobre 2010

Bamber Gascoigne : "The Great Moghuls"

Bamber Gascoigne, The Great Moghuls, Robinson Publishing

4e de couverture :

Bamber Gascoigne's classic book tells of the most fascinating period of Indian history, the sixteenth and seventeenth centuries, when the country was ruled by the extraordinarily talented dynasty of emperors known to European travellers as 'the Great Moghuls', for their almost limitless power and incomparable wealth. Here is a unique picture of the way of life of India's most flamboyant rulers - their sublime palaces, their passions, art, science and religion, and their sophisticated system of administration that stabilized the greater part of India and was later adopted by the British. Acclaimed by travellers and scholars alike, and beautifully illustrated in colour, this is a book for anyone with an interest in India's glorious past and achievements.

Avis personnel :

Bien que publié pour la première fois en 1971, "The Great Moghuls" de Bamber Gascoigne reste toujours l'une des références pricipales sur l'histoire de la dynastie moghole. Le livre couvre la période  allant de la conquête de l'Inde par Babur en 1526 à la mort d'Aurangzeb en 1707. L'ouvrage est particulièrement agréable à lire, accessible à tous et enrichi par de superbes illustrations qui viennent éclairer les explications architecturales et artistiques. Au fil des pages, on s'attache à la personnalité complexe des souverains moghols qui loin d'être des brutes sanguinaires étaient des amateurs d'art éclairés et doublés, pour certains d'entre eux, de poètes et d'écrivains talentueux. Ainsi, Babûr et  Jehanghir qui nous ont laissé des journaux de bord remarquables où ils nous font part non seulement de leurs tribulations militaires mais également de leurs observations tout en finesse de la faune et de la flore ainsi que de la psychologie humaine. Ils se livrent à nous sans fards, avec une honnêteté peu commune, en ne nous dissimulant rien de leurs faiblesses et de leurs défauts comme ce penchant immodéré qu'ils ont pour l'alcool et la drogue. Les Moghols furent de grands bâtisseurs, en particulier Shah Jahan dont le Taj Mahal, mausolée édifié en l'honneur de sa bien-aimée épouse défunte, constitue certainement l'un des joyaux de l'architecture mondiale. Régnant sur un pays non musulman, les empeureurs moghols, à l'exception notable d'Auranzab, firent preuve d'une tolérance exceptionnelle envers la communauté hindoue et allèrent même jusqu'à adopter les us et coutumes de l'Inde, au point qu'aux yeux des ulama (les docteurs de la Loi islamique) traditionnalistes, ils passaient davantage pour des hindous que pour des musulmans.
Ce livre de Bamber Gascoigne mériterait d'être traduit en français car je ne crois pas qu'on trouve dans la langue de Molière un récit aussi détaillé mais surtout aussi agréable et vivant sur cette dynastie prestigieuse qui a marqué d'une empreinte indélébile l'histoire et les arts de l'Inde.

lundi 4 octobre 2010

"La cuisine de Fès n'a pas sa pareille"


"Comment sont les musulmans des autres pays ?
- Il y a des Blancs et des Noirs, des Chinois, des Indiens, des Perses, et même des Russes. Peu d'entre eux parlent notre langue. Pour communiquer, on était obligé d'utiliser des signes. Ils ne mangent pas comme nous non plus. Et je dois dire que, quand nous, Marocains, nous partagions avec nos voisins les plus proches notre nourriture, ils en étaient béats d'admiration. Fès, messieurs, et tout est dans Fès. Notre cuisine n'a pas sa pareille. Qu'y a-t-il de mieux que le tajine de viande et ses légumes mijotés, le poulet rôti avec son citron confit et ses olives, la pastilla avec ses pigeons et ses amandes, le vrai couscous aux sept légumes de chez nous ? Un jour, je me suis laissé tenter par un groupe d'Indiens qui m'ont fait goûter un de leurs plats. On ne m'y reprendra plus. Une bouchée a suffi. C'était le feu de la géhenne. J'ai failli en étouffer. Un autre jour, c'était au tour d'un Tunisien de me proposer le plat préféré de ses compatriotes : la mloukhiya. J'ai cru d'abord qu'il s'agissait de nos gombos, car je les aime bien, les gombos, contrairement à votre oncle Touissa. Mais, quand il m'a servi, j'ai vu une bouillie verdâtre-noirâtre dont la seule odeur remuait le cœur. J'y ai trempé mon pain par politesse. Ça avait le goût du henné, et la viande qui l'accompagnait, c'était du caoutchouc. Dieu nous en préserve !
- Il paraît qu'ils font du couscous au poisson, renchérit son fils, décidé à enliser la discussion dans ces plates considérations.
- Et pourquoi pas avec du cochon ? s'esclaffa haj Mohammed, provoquant l'hilarité générale. Il n'y a rien à dire, si tu veux bien manger, ne voyage pas, reste chez toi. Fès, mon ami, ses grandes maisons ! Les mains en or de ses maîtresses femmes ! Même avec des fèves sèches, elles te préparent un régal à t'en dévorer les doigts.
- Et l'eau, l'eau de Fès, ajoute Driss, douce comme du miel.
- Bien sûr, approuve haj Mohammed, un des bienfaits de Moulay Idriss, que sa baraka dure."

Abdellatif Laâbi, Le fond de la jarre, Folio, p. 175-6