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lundi 27 décembre 2010

Marilyn Manson : "The long hard road out of hell"



Avis personnel :

Je ne suis pas un fan de Marilyn Manson. Ni du personnage, ni du groupe. A part deux ou trois chansons de ce groupe et le fait qu’il joue du Metal, je ne connais pas grand chose de lui. Je dois même dire que c’est un groupe que je n’apprécie guère même si je trouve leurs reprises de quelques tubes (Sweet Dreams, Tainted Love) superbes, surtout le clip vidéo de Sweet Dreams.
J’ai pris ce livre tenté par les critiques élogieuses des lecteurs et de la presse mais aussi parce que je voulais découvrir la vie de Marilyn Manson, son enfance, son adolescence, ses influences musicales, et voir comment il a construit son personnage. De plus, lire une autobiographie, c’est également pour moi un moyen de pénétrer dans une société et la voir vivre de l’intérieur. Les rock-stars sont généralement issues des classes moyennes ou défavorisées et en lisant leurs autobiographies, on entrevoit la vie quotidienne et les problématiques de cette classe moyenne qui constitue toujours la couche la plus large d'une société.
En regardant la couverture et en feuilletant le livre, on voit d’emblée l’ambition affichée par son auteur : se démarquer des autobiographies écrites par les autres rock-stars et faire de "The long hard road out of hell" une œuvre d’art révélant la singularité du personnage et son niveau d’ouverture intellectuelle et culturelle. Ainsi, la couverture est belle, le livre est magnifiquement illustré avec des photos provenant des archives personnelles de Marilyn Manson et de dessins originellement réalisés pour illustrer "La Divine Comédie : L'Enfer" de Dante. Chaque chapitre s’ouvre par des citations d’écrivains, d’artistes et de philosophes (Pierre Boaistuau, Bertrand Russell, Nietzsche, Frank Sinatra…) et les sous-parties sont séparées par des titres renvoyant à des descriptions de l’enfer tel qu’imaginé par Dante. La narration suit également un déroulement atypique alternant des évocations chronologiques avec des interviews et des éléments biographiques regroupés par thèmes (drogues, tournées...).
Les premiers chapitres évoquent l’enfance et l’adolescence de Brian Warner (Marilyn Manson). Très tôt, l’enfant en jouant aux explorateurs avec son cousin, découvre dans la cave de la maison de ses grands-parents paternels toutes les perversions humaines à travers la collection de revues et d’objets pornographiques, zoophiles et sadomasochistes de son grand-père. Cette découverte fascine l'enfant et le plonge en même temps dans un monde de terreur. Il apprend également que son grand-père, plusieurs années auparavant, ayant été transporté à l’hôpital à la suite d’un accident de la route, avait été découvert par les infirmiers portant des vêtements féminins sous ses habits d’homme.
Afin de recevoir une éducation de qualité, Brian est inscrit dans un collège privé. Il y découvre, à travers les cours de catéchisme, le fanatisme religieux, les opinions rétrogrades et l’hypocrisie d’une Amérique puritaine et conservatrice. Brian se réfugie alors dans la rébellion et la provocation et fait tout pour se faire renvoyer. Il devient un enfant isolé, introverti et complexé, notamment par son extrême maigreur. Se sentant rejeté, il se met à écouter les groupes de Metal, considérés comme des suppôts de Satan, et affiche avec ostentation leurs insignes afin de choquer ses professeurs et ses camarades. A la suite de ses années de collège, Brian choisit de réintégrer un lycée public. Il rejoint le groupe de rock du lycée,  a sa première relation sexuelle et fume son premier joint. Cette période de sa vie de lycéen nous est relatée par Marilyn Manson avec beaucoup d'humour et de truculence et on rit vraiment. C'est également à cette période qu'il commence sérieusement à écrire de la poésie et des textes gothiques et songe à se faire publier. Il les envoie un jour à une revue spécialisée dans le Metal mais reçoit un refus poli de celle-ci qui en profite dans le même temps pour lui refourguer une offre d'abonnement au magazine à un tarif soi-disant exceptionnel. C'est durant ses études supérieures, en théâtre et en journalisme, et en travaillant comme journaliste pour gagner sa vie que Brian découvre le monde du show-business et décide de monter son groupe de Metal. Il se transforme alors en Marilyn Manson, combinaison de noms de deux personnages (Marilyn Monroe et Charles Manson) sensés évoquer pour lui les deux facettes de l'Amérique : glamour et trash.
Par delà, les difficultés d’un enfant introverti puis d'un adulte frustré, ce qui est frappant de constater c’est l’ambition qui anime Marilyn Manson de devenir célèbre et reconnu. Lorsqu'il se trouve face à des personnes risquant de compromettre sa carrière artistique, il n'hésite pas à échafauder des plans de meurtres pour se débarrasser d'elles. De plus, nous le voyons manifester énormément de mépris envers les junkies et les consommateurs de drogues dures alors que lui-même donnera toujours de Marilyn Manson, l'image d'un groupe de défoncés. Et, on peut se poser alors des questions sur la sincérité de toute la démarche artistique de Marilyn Manson. N'a t-elle pas été adoptée dans le seul but de se rendre célèbre, de faire parler de lui, de créer du buzz autour du groupe ? Personnellement, de nombreuses attitudes et considérations artistiques de Marilyn Manson me sont apparues contradictoires et souvent vaseuses. Comme cette opération de grande envergure consistant à dérober dans les crèches de Noël toutes les statuettes basanées des Rois Mages afin de dénoncer le racisme d'une Amérique blanche ! La manœuvre passa totalement inaperçue et contrairement aux attentes de Marilyn Manson aucun journal ne s’en fit l’écho.
J’ai lu plusieurs mises en garde de lecteurs concernant les aspects durs, choquants, obscènes et sordides qu'on pourra lire dans le livre. Personnellement, je n’ai rien trouvé de plus que le lot habituel de détails scabreux que l’on trouve dans toutes les autobiographies de rock-stars. Il suffit de lire celles d’Iggy Pop ou d'Anthony Kiedis pour voir qu’il n’y a rien de nouveau dans tout ce qui est relaté par Marilyn Manson dans la débauche, les excès et les frasques des rock-stars ou de leurs fans.
Enfin, Marilyn Manson nous laisse entendre par le titre de son autobiographie que son parcours de vie est un long et pénible cheminement vers la sortie à travers les méandres de l'enfer de la drogue. Si effectivement dans les dernières pages du livre, Marilyn Manson nous déclare s'être libéré de l'addiction aux drogues, le journal de bord de la tounée "Antichrist Superstar" qui clôture le livre nous montre un Marilyn Manson plongeant à nouveau la tête la première dans l'enfer de la drogue. Cette contradiction a de quoi nous laisser perplexes.
Sous ses allures intellectuelles et artistiques, l'autobiographie de Marilyn Manson ne m'a pas séduit et intéressé autant que "Scar Tissue" d'Anthony Kiedis. L'autobiographie de Marilyn Manson manque de quelque chose de convaincant, peut-être tout simplement d'une certaine cohérence entre les propos et l'exposition des faits. Je suis en outre resté sceptique quant à l'honnêteté et à la sincérité de toute la démarche non seulement artistique mais également personnelle de Marilyn Manson.

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