Sindbad PUZZLE

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mardi 26 avril 2011

Ibn Zaydûn : Biographie

Monument à Cordoue consacré au souvenir des amours d'Ibn Zaydûn avec la princesse Wallâda

Abû Al-Walid Ahmed Ibn Abdallah Ibn Ahmed Ghâlib Ibn Zaydûn est né à Cordoue en 394/1003 d'une famille de souche arabe quoraïshite. Son ascendance arabe ne fait aucun doute puisqu'il est issu de la tribu des Banû Makhzûm. Il perd son père à l'âge de 11 ans en 1014. Son tuteur veillera à ce qu'il bénéficie d'une solide formation. Comme tous les Andalous de bonne naissance, il étudie notamment la théologie et la littérature. A vingt ans il est déjà connu comme poète, il participe aux événements qui aboutissent à la disparition définitive du califat omeyyade. L'historien Ibn Khakân affirme qu'il fut le leader de la faction "espagnole", c'est-à-dire cordouane (zaîm al fitna al qûrûbiyya). La nouvelle dynastie, reconnaissante, lui confie un double vizirat, et il sera désormais appelé dhû al wizâratayn. C'est sans doute de cette époque que date la fréquentation du salon que tenait la belle Wallâda fille d'Al Mûstakfî. Il en tombe amoureux, et leur liaison, d'abord discrète, finira par faire jaser le tout Cordoue et par attiser les rancoeurs des envieux et des intrigants, tel le grand rival d'Ibn Zaydûn, Abû Amr Ibn Abdûs, qui lui ravira le coeur de Wallâda. Bientôt Ibn Zaydûn est accusé de comploter la restauration de la dynastie omeyyade dont le dernier prétendant Hischâm est encore en vie. Et il est emprisonné. Il tentera par des épîtres et des poèmes de rentrer dans les faveurs à la fois de Wallâda et de Abû Hazm Ibn Gahwar, mais ce sera en pure perte. Bénéficiant de complicités à l'intérieur du régime, il s'évade après cinq cents jours passés en prison, et gagne Séville toute proche. A la mort d'Abû Hazm, Ibn Zaydûn rentre à Cordoue et est rétabli dans ses fonctions et ses titres.
Puis, après une courte période de regain de faveur, c'est de nouveau, pour des raisons qui restent inconnues, la chute et l'exil. Ibn Zaydûn gagne définitivement Séville et se met au service de la dynastie des Banû Abbâd. C'est à ce titre qu'il participe activement à la chute de la dynastie gahwarite et conquiert Cordoue qui devient la capitale de la dynastie sévillane. Il meurt à Cordoue en 463:1070 après avoir été dépêché pour apaiser une révolte des habitants de la cité contre la dynastie abbadite.

Source : Ibn Zaydûn, Une sérénité désenchantée, Traduit de l'arabe et présenté par Omar Merzoug, Orphée, La Différence

Ibn Zaydun : Une sérénité désenchantée


4e de couverture :

Ibn Zaydûn (393-1003 de l'Hégire/463-1070 ap. J.-C.). Peu avant la désagrégation de l'empire des Omayyades, l'Andalousie vit son Âge d'or. Les cours (de Grenade, Séville, Cordoue...) font la fortune, entre deux disgrâces, des artistes les plus brillants. Tel est le destin de Ibn Zaydûn, un temps ministre, un temps emprisonné. Infatigable auteur d'épîtres, souvent mordantes, d'élégies et autres pièces d'amour, inspirées par sa passion pour Wallâda, poète elle-même. L'oeuvre, pleine de charme, raffinée et pourtant très populaire, est toujours appréciée, qu'elle soit lue ou chantée. Cette première anthologie en français est traduite et présentée par Omar Merzoug.

Avis personnel :

Une sérénité désenchantée nous propose un choix de poèmes d'Ibn Zaydûn suffisamment varié pour nous permettre d'avoir un aperçu aussi large que possible des différents thèmes abordés par le poète.
Le livre nous plonge au cœur de cette civilisation musulmane, brillante et raffinée, qui s’épanouit en Andalousie au Moyen-âge et atteignit son apogée aux Xe et XIe siècle. Ibn Zaydûn chante non seulement son amour pour la belle princesse omeyyade Wallada mais également les lieux de sa jeunesse envolée et des plaisirs goûtés sur les bords du Guadalquivir, ce fleuve délicieux qui serpente langoureusement à travers sa chère ville de Cordoue.
La savante introduction d’Omar Merzoug nous relate dans ses grandes lignes la vie mouvementée, riche en rebondissements, d’Ibn Zaydûn . Ses talents d’administrateur et d’intrigant lui permirent d’occuper les plus hautes fonctions dans l’administration, comme lui valurent de fréquents séjours dans les geôles de Séville ou de Cordoue. C’est surtout grâce à ses amours pour Wallada et aux magnifiques poèmes passionnés explorant avec une finesse rare les joies et les tourments de l’amour qu'Ibn Zaydûn est passé dans la postérité. Ce recueil nous donne l’occasion de voir d’autres facettes de son œuvre et des thèmes qu'Ibn Zaydûn aborda avec tout autant de bonheur et de talent.

Omar Khayyam : Cent un quatrains


4e de couverture :

Omar Khayyâm ('Umar ibn Ibrahîm al-Khayyâmî) (c. 1047-c. 1122). Mathématicien, astronome (sans doute plus assuré des pouvoirs de la science que de ceux des astrologues, mais les deux termes alors se confondent), sceptique et pragmatique : "O roue des cieux, que de haine à toute ruine acharnée !", tel est Khayyâm. Erudit, ô combien ! il compose dans la forme usitée en poésie populaire, le robâï, un ensemble devenu l'un des livres fondateurs de la poésie persane. Proche de la tradition grecque bachique : plaisir et acceptation de l'éphémère. Toute beauté, toute pensée naît de l'argile-mère et y retourne. "Quel profond sentiment du néant des hommes et des choses", écrit Théophile Gautier. Choix, traduction originale et présentation par Gilbert Lazard.

Avis personnel :

Merveilleux petit livre de poésie dans une belle traduction de Gilbert Lazard publié aux éditions de La Différence dans la très belle collection Orphée dirigée par Claude-Michel Cluny.
Cent un quatrains qui nous permettent de voir le talent poétique d’Omar Khayyam et d’apprécier sa pensée hardie, provocatrice et désenchantée, pleine d’une angoisse métaphysique sur l’existence et le temps qui s’écoule inexorablement vers la mort et le néant. Devant la fuite du temps, la seule manière sage de se conduire est de vivre en consacrant chaque instant qui passe aux plaisirs de la vie, en particulier à ceux procurés par le bon vin et la compagnie du beau sexe.
La brève introduction de Gilbert Lazard nous montre le destin particulier qui fut celui des rubayat (ou robaï) au cours des siècles. De son vivant, Omar Khayyâm fut célèbre exclusivement comme un grand savant, réputé pour ses travaux en mathématiques, en astronomie et ses ouvrages philosophiques. En tant que poète, il fut totalement inconnu : ses quatrains n’ayant pas été publié de son vivant, probablement pense Gilbert Lazard à cause de leur contenu sulfureux et provocateur. Ce n’est que plusieurs décennies après sa mort que les rubayât commencèrent à circuler sous le manteau et eurent un succès inattendu auprès des soufis qui virent en eux un sens symbolique et mystique. Ce succès entraîna la fabrication de nombre de poèmes qui furent attribués à Omar Khayyam. Après une période de célébrité, ces poèmes tombèrent dans l’oubli et ce n’est que grâce aux célèbres traductions en anglais au XIXe siècle par Nicholson et qui rendirent Omar Khayyam célèbre en Occident que le monde arabo-islamique redécouvrit les rubayat. Des spécialistes se penchèrent alors sur eux afin d’établir une étude critique des manuscrits et tenter de démêler les poèmes authentiques de ceux apocryphes attribués à Omar Khayyâm.

lundi 4 avril 2011

Le rubayat : règles et forme



Omar Khayyam a écrit sa poésie sous une forme que l'on appelle "rubayat". Dans son introduction au "Cent un quatrains" d'Omar Khayyam, Gilbert Lazard nous explique les règles structurelles qui régissent le rubayat.

"La métrique de la poésie persane est quantitative, comme celle de la poésie latine classique. Le rubayat est caractérisé par un mètre particulier, qui compte douze ou treize syllabes, avec une césure fréquente après les quatre ou cinq premières. Plutôt qu'un quatrain c'est un double distique, car il se divise ordinairement en deux parties égales. La rime, unique, figure obligatoirement aux deux premiers vers et au dernier, facultativement et rarement au troisième. Le contenu répond le plus souvent à cette structure rythmique. Les deux premiers vers posent un sujet, fréquemment sous la forme d'un petit tableau ; le troisième introduit une nouvelle idée, dont le développement dans le quatrième rejoint le premier motif par une pointe inattendue. Le secret du rubayat est dans l'art de donner au troisième vers la "courbe conceptuelle" qui permettra au quatrième de "revenir" de manière piquante."

Exemple :
"Si tu t'enivres, Khayyam,
          l'ivresse te soit bonheur ! [rime en bâsh]
Si tu étreins une femme,
          cet amour te soit bonheur ! [bâsh]
Toute chose de ce monde
          s'achève dans le néant : [ast]
Dis-toi que tu es néant,
          et vivre te soit bonheur ! [bâsh]
Omar Khayyam, Cent un quatrains, traduction Gilbert Lazard, Orphée La Différence

samedi 2 avril 2011

Omar Khayyâm : Un religieux dit un jour

Femmes dansant, Palais de Hasht Behest, Ispahan, XVIIe siècle
Un religieux dit un jour

Un religieux dit un jour
          à une fille perdue :
Folle, qui te prends toujours
          aux rets du premier venu !
Elle répondit : C'est vrai,
          je suis bien ce que tu dis,
Mais toi, révérend ami,
          es-tu tel que tu parais ?
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Oui, nous sommes bienfaisants

Oui, nous sommes bienfaisants
          plus que toi, mufti austère,
Et plus que toi tempérants
          dans notre ivresse ordinaire :
Toi tu bois le sang des hommes
          et nous celui de la vigne ;
Je te fais juge, examine
          lequel est plus sanguinaire.
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On nous promet dans le ciel

On nous promet dans le ciel
          des houris aux yeux de braise,
Et du vin, du lait, du miel,
          pour notre joie et notre aise.
Pourquoi donc d'aimer le vin
          et l'amour nous fait honte,
Puisque c'est en fin de compte
          ce qu'on nous offre demain ?
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Je bois et les bien-pensants

Je bois et les bien-pensants
          de droite et de gauche clament
Que j'ai grand tort, car le vin
          est l'ennemi de l'islam.
L'ennemi ? Eh bien, tant mieux !
          Boire le sang ennemi
Est sans conteste oeuvre pie :
          je m'en veux gorger, par Dieu !

Omar Khayyâm, Cent un quatrains, Trad. Gilbert Lazard, Orphée La Différence